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Agrivoltaïsme : comment des panneaux solaires protègent les arbres fruitiers dans la Drôme
Toute cette semaine, Ă l’occasion de la Semaine Green on vous fait dĂ©couvrir des innovations en matière d’environnement. RaphaĂ«l Vantard nous emmène dans le “verger du futur”, à Étoile-sur-RhĂ´ne dans la DrĂ´me.
Au sol, des rangers d’abricotiers, de cerisiers, de pêchers s’étalent sur quatre hectares. Au-dessus posés sur de gros poteaux métalliques, d’immenses panneaux solaires amovibles bougent toute la journée au gré des aléas météo. Bienvenue dans le verger du futur, à Étoile-sur-Rhône dans la Drôme.
Ici, les panneaux photovoltaĂŻques doivent d’abord et surtout protĂ©ger les arbres et quand ils le peuvent produire de l’électricitĂ©. Tout est pilotĂ© Ă distance, minute par minute, en fonction de la mĂ©tĂ©o par des ordinateurs et l’équipe de CĂ©cile Magherini. Elle est directrice gĂ©nĂ©rale de Sunagri, l’entreprise qui a conçu ces panneaux solaires, les nouveaux anges gardiens des vergers. “Quand il fait très froid, quand il grĂŞle, les panneaux sont mis horizontalement”, explique CĂ©cile Magherini.
Elle poursuit : “Les panneaux crĂ©ent un toit, qui produit un effet de serre et rĂ©chauffe le verger. Cela Ă©vite aux arbres les tempĂ©ratures trop basses. De mĂŞme, quand il fait très chaud l’étĂ©, les panneaux empĂŞchent les rayons du soleil de bruler les feuilles et permettent de limiter l’arrosage. Le reste du temps, on peut ouvrir au maximum les panneaux pour orienter la lumière et faire en sorte que les arbres bĂ©nĂ©ficient de la meilleure photosynthèse possible”.
L’annĂ©e dernière : 9% de fruits gelĂ©s sur la parcelle avec panneaux solaires, contre 30 % sur celle sans panneaux…Sophie Stevenin, directrice de la station d’expĂ©rimentation fruits Auvergne RhĂ´ne Alpes (SEFRA)
L’hiver donc mais surtout le printemps, les panneaux solaires sont une arme antigel. L’été, ils permettent de limiter les dégâts de la grêle et de la canicule. Cela permet aux arbres d’avoir moins besoin d’eau. Au bout de ce champ expérimental, un autre verger, sans panneaux solaire, permet de tout comparer.
Sujet RTL
Engie
Panorama des dĂ©fis technologiques, Ă©conomiques et environnementaux de la production d’énergie solaire sur les terres agricoles.Â
Nourrir les populations a toujours Ă©tĂ© un enjeu majeur pour l’humanitĂ©. La perspective d’une population mondiale atteignant les 11 milliards de personnes annonce une compĂ©tition accrue pour les terres, qu’elles soient destinĂ©es aux cultures et Ă l’élevage ou Ă produire l’énergie nĂ©cessaire Ă la vie sur terre. Face Ă ce dĂ©fi, un couplage prometteur semble se dessiner entre le photovoltaĂŻque et le domaine agricole
En l’espace d’une dizaine d’années, l’énergie solaire est devenue l’énergie la moins chère du marché électrique et, par la même occasion, une des sources d’énergie les plus attractives. L’ambition de la France, fixée dans la dernière programmation pluriannuelle de l’énergie, est ainsi d’installer une capacité de 100GW de photovoltaïque (PV) d’ici 2050.
Le volume visĂ© soulève la question de l’espace disponible au sol et donc de la compĂ©tition pour l’utilisation de ces espaces. En effet, mĂŞme si une partie des nouvelles installations se fera sur les toitures, parkings ou sera intĂ©grĂ©e dans des Ă©lĂ©ments d’architecture urbaine, une partie se fera au sol, en zones naturelles et/ou agricoles.
Depuis les années 2000, l’agrivoltaïsme propose un nouveau modèle de production électrique qui permet de transformer la compétition pour les terres en une opportunité de cohabitation mutuellement bénéfique. Appelée encore Agri-PV, cette technique consiste à faire coexister la production d’électricité photovoltaïque et la production agricole dans une même zone, en élevant les panneaux solaires au-dessus du sol cultivé ou en intégrant des rangées de panneaux solaires entre les cultures.
D’après le rapport Flash de la mission d’information sur l’agrivoltaïsme, «Le développement de l’agrivoltaïsme peut apporter des solutions concrètes et rapides à une série de défis auxquels la France et le monde agricole sont livrés». Ce rapport constate «un engouement pour le sujet, notamment de la part des agriculteurs et des énergéticiens». Une étude menée par des chercheurs de l’Oregon State University avance qu’il suffirait de couvrir 1% des terres agricoles de la Terre pour répondre à la demande d’électricité mondiale. Ce constat soulève naturellement la curiosité.
Un intérêt mondial pour la technologie agri-PV
L’agrivoltaĂŻsme a Ă©tĂ© massivement dĂ©ployĂ© au Japon entre 2004 et 2017, avec plus de 1000 centrales agrivoltaĂŻques en activitĂ©. L’agrivoltaĂŻsme s’est ensuite diffusĂ© ailleurs en Asie, en particulier en Chine oĂą l’agrivoltaĂŻsme est utilisĂ© pour protĂ©ger les sols de la dĂ©sertification.
En Europe les serres photovoltaïques ont été les premiers projets à être testés au début des années 2000. Depuis 2010, des systèmes de panneaux PV sur des structures en acier en plein champs voient le jour, équipés ou non de trackers.
Aux États Unis, l’agrivoltaĂŻque a le vent en poupe et bĂ©nĂ©ficie du soutien du ministère de l’Énergie qui a prĂ©vu de consacrer 7 millions de dollars aux projets de la filière.
En France, l’agrivoltaïsme ne fait l’objet d’aucune définition légale ou réglementaire, il semble même qu’il n’existe pas de consensus sur ce qu’est l’agrivoltaïsme. Le rapport Flash le définit cependant comme une “production d’électricité décarbonée d’origine photovoltaïque sur des terres agricoles qui peuvent servir à la culture ou à l’élevage. Celle-ci implique la coexistence d’une production électrique significative et d’une production agricole significative, sur une même emprise foncière.”
L’hexagone demeure cependant un terrain de jeu très intéressant pour l’agrivoltaïsme. Le potentiel de terres mobilisables pour une installation photovoltaïque est évalué à 16 millions d’hectares, soit un peu plus de 50% des terres. Partout en France des projets se mettent en place, même si on constate que certaines régions sont plus avancées que d’autres En Nouvelle Aquitaine, par exemple, beaucoup d’appels à projets sont lancés car la zone est particulièrement favorable.
Forces et faiblesse d’un nouveau modèle d’exploitation
La force de l’agrivoltaĂŻque repose sur sa capacitĂ© Ă faire cohabiter production d’Ă©lectricitĂ© photovoltaĂŻque et production agricole, ceci au profit du rendement global. Le dĂ©ploiement de l’agrivoltaĂŻque est ainsi conditionnĂ© par la capacitĂ© des infrastructures Ă crĂ©er de la valeur tant pour l’agriculteur que pour l’énergĂ©ticien car l’installation des infrastructures reprĂ©sente un investissement important tant en capital qu’en temps.
Le modèle d’exploitation dominant en France dans ce secteur est un modèle « agriculture first ». En France, comme le précise le rapport Flash c’est même une obligation : « La production photovoltaïque ne doit pas prendre le dessus sur la production agricole, qui ne serait qu’un simple alibi. Même si elle peut, dans certains cas, conduire à une légère baisse des rendements culturaux du fait de la réduction de l’apport lumineux, la production agricole doit être significative.  L’agrivoltaïsme ne doit conduire ni à détourner les terres agricoles de leur vocation première, à savoir la production alimentaire, ni à dénaturer le cœur du métier d’agriculteur. »
Augmenter le rendement global des terres est donc Ă la base du couplage entre photovoltaĂŻque et agriculture et dispose mĂŞme d’un indice spĂ©cifique, le LER (Land Equivalent Ratio) qui permet de mesurer si la valeur combinĂ©e du rendement agricole et de l’Ă©nergie solaire est Ă©gale ou supĂ©rieure Ă ce qu’elle serait avec l’utilisation singulière des terres.
La maximisation de la production d’électricitĂ© nĂ©cessite d’optimiser des paramètres tels que les angles d’inclinaison des panneaux, leur orientation et leur pente. L’intĂ©gration du PV dans les activitĂ©s agricoles reprĂ©sente un dĂ©fi permanent, car la performance Ă©nergĂ©tique entre parfois en conflit avec le dĂ©veloppement optimal des cultures comme avec la prĂ©servation du paysage. En consĂ©quence, les système agrivoltaĂŻques possèdent des modèles de production très distincts des installations classiques de PV.
De nombreux designs sont en cours d’expĂ©rimentation afin de dĂ©terminer l’espacement idĂ©al entre les bandes de modules PV et leur distance par rapport au sol. En champs ouverts de nombreuses solutions existent, la hauteur et l’espacement des modules peuvent ĂŞtre ajustĂ©s pour faire pousser diffĂ©rents types de cultures en fonction de la lumière, de l’humiditĂ©, de la tempĂ©rature et de l’espace requis par les plantes. Les solutions techniques sont en pleine Ă©volution dans l’industrie solaire, avec des rĂ©percussions Ă©videntes Ă terme sur la productivitĂ© des panneaux : suivi de luminositĂ© dynamiques (trackers), modules PV semi-transparents et mobiles.Â
Deux options économiques pour l’agrivoltaïque
Selon James Macdonald d’ENGIE Laborelec, on identifie aujourd’hui 2 grandes catégories d’agrivoltaïsme :
• L’agrivoltaĂŻsme Ă©levĂ© : dans ce type d’agrivoltaĂŻsme, les modules PV sont posĂ©s en hauteur sur des structures en acier entre 2 et 6 mètres, dont le prix est supĂ©rieur aux structures “classiques”. Ce modèle d’agrivoltaisme permet d’utiliser des engins agricoles et de dĂ©velopper les cultures sans limitation de hauteur.
Ces systèmes de panneaux en hauteur sont assez présents en France car ils ont été appuyés par les pouvoirs publics. Ce système est particulièrement adapté à des cultures de haute valeur, comme la vigne, les baies, les arbres fruitiers… Au plan économique, les panneaux PV remplacent ou complètent avantageusement les filets ou bâches de protection qu’il faut changer très souvent, mais implique néanmoins pour l’agriculteur un investissement initial très important.
• Un autre type d’agrivoltaĂŻsmeest reprĂ©sentĂ© par des systèmes plus proches du sol, liĂ©s essentiellement Ă la production de plantes aromatiques ou de fourrage. Dans ce système, les plantes sont cultivĂ©es entre les rangĂ©es de panneaux PV. ENGIE a lancĂ© un pilote sur un projet de ce type, le projet Camelia, qui vise Ă Ă©tudier le service rendu par l’installation de panneaux solaires bifaciaux verticaux (sous la forme de haies) sur un pâturage tout en analysant les impacts sur la production Ă©lectrique. Les objectifs de ce projet pilote sont multiples :
- Mesurer les effets agronomiques de l’installation : les microclimats aérien et souterrain, la croissance, la production de biomasse et la qualité de la ressource fourragère, la fertilité et les stocks de carbone du sol,
- Etudier le comportement des bovins et la compatibilité des structures verticales avec l’utilisation d’engins agricoles,
- Evaluer les effets sur la biodiversité.
- Modéliser la production énergétique de ce type de technologie solaire.
Un autre modèle « low cost » utilise un tracker liĂ© Ă un moteur qui permet d’orienter le panneau pour suivre le soleil. Comparativement au modèle Camelia, ce modèle gĂ©nère Ă©galement de l’Ă©lectricitĂ© Ă midi. La technologie de ces trackers est très rĂ©pandue dans le monde, avec plusieurs centaines de gigawatts installĂ©s. Ce n’est pas une nouveautĂ© et les installations sont de plus en plus Ă©conomiques.
Une technologie dominante et les pistes alternatives
Pour James Macdonald, l’industrie continue à être dominée par les technologies de silicium qui représentent plus de 90% de toutes les installations dans le monde et viennent d’atteindre la barre du terawatt-crète installé dans le monde.
Quelques autres technologies deviennent de plus en plus pertinentes, comme les films photovoltaïques, CIGS, le perovskite, le PV organique, mais toutes ces technologies restent encore plus chères que la technologie au silicium.
En Espagne, Italie, Israël, France, ont eu lieu des tests de cellules « next generation » intégrées dans des ombrières ou dans des toits, mais également des essais de serres low cost en plastique ou de polytunnels intégrant des cellules photovoltaïques.. Notons que ces solutions posent à terme les mêmes problèmes de durabilité que les films plastiques.
Les zones Ă très haute irradiance comme le Moyen Orient sont des terrains de test intĂ©ressants pour des serres high tech intĂ©grant des films photovoltaĂŻques moins opaques. Des dispositifs PV dits à « sĂ©lection spectrale » et des technologie de concentrateurs solaires luminescents permettent de focaliser diffĂ©rentes longueurs d’onde du spectre solaire sur les plantes et les modules.
Projets agrivoltaïques développés par ENGIE
L’agrivoltaïsme représente pour ENGIE un atout pour atteindre ses objectifs de production d’énergie renouvelable à hauteur de 400 GW d’içi 2030. On peut noter qu’ENGIE est techno-agnostique, certaines BUs travaillant avec du PV élevé, d’autres avec des solutions moins chères, ou encore avec les serres. ENGIE Green est notamment partenaire de SunAgri en France.
Comme le note James Macdonald : « La GBU Renouvelables vient construire en Sicile un projet agrivoltaĂŻque de 104 MWp. C’est un vrai premier pas pour le Groupe dans ce secteur. On est encore en train de dĂ©finir le modèle agricole mais 95% de la surface vont ĂŞtre dĂ©diĂ©s au foin. Il est prĂ©vu de semer dès la mise en route de la centrale photovoltaĂŻque, mi-juin. Ce projet va nous offrir un retour d’expĂ©rience sur la façon dont les panneaux affectent la vie de l’agriculteur, quel est l’impact sur les rendements agricoles et quelle est la perception de la communautĂ©. Nous pensons que dans une rĂ©gion assez sèche comme la Sicile, il y a une forte possibilitĂ© pour que les rendements puissent augmenter, en prodiguant de l’ombre et en Ă©vitant ainsi le “coup de soleil” de l’après-midi qui a tendance Ă dessĂ©cher l’herbe. Sur un petit pourcentage (2-5%) de la surface, seront plantĂ©es des herbes aromatiques dans un premier temps, et nous procĂ©derons ensuite Ă d’autres essais. Sur la pĂ©riphĂ©rie du terrain sont plantĂ©es des haies d’oliviers et d’amandiers qui procurent un revenu supplĂ©mentaire, ainsi qu’un Ă©cran Ă la centrale photovoltaĂŻque de sorte qu’elle ne soit pas visible de la route. »
Le 29 avril, ENGIE Green et le Syndicat Mixte LozĂ©rien de l’A75 ont inaugurĂ© le parc solaire photovoltaĂŻque de La Tieule (48). Cet investissement de 13 millions d’euros est la plus grande centrale solaire au sol du dĂ©partement, avec 35 000 panneaux photovoltaĂŻques sur 18 hectares, mais surtout le site entend promouvoir de nouvelles activitĂ©s, en lien avec les entreprises agricoles du territoire, comme des ruches, des troupeaux de brebis et le dĂ©veloppement de 900 mètres linĂ©aires de haies aromatiques et de plantes mellifères.
« Avec le parc de La Tieule, nous avons voulu faire du co-usage avec des activitĂ©s agricoles, dit William Arkwright, directeur gĂ©nĂ©ral d’Engie Green. Mais il y a plusieurs façons d’intĂ©grer le monde agricole et les centrales solaires, dans le respect du travail de chacun. Un vĂ©ritable agrivoltaĂŻsme peut se faire sur de plus grandes surfaces, oĂą les panneaux photovoltaĂŻques ont moins d’emprises sur le sol. On critique souvent l’emprise de nos installations sur le foncier agricole, mais nous avons besoin de 2000 km2 seulement par an, dĂ©diĂ©s au solaire ou Ă l’Ă©olien pour atteindre les objectifs fixĂ©s par la politique publique Ă©nergĂ©tique de l’État. »
Les bénéfices indirects des panneaux solaires sur l’agriculture
IndĂ©pendamment de la technologie PV utilisĂ©e, l’Ă©lectricitĂ© produite par une centrale agrivoltaĂŻque est d’autant plus prĂ©cieuse qu’elle est autoconsommĂ©e, car elle permet de rĂ©duire directement les achats externes d’Ă©lectricitĂ©. A un prix commercial de l’Ă©lectricitĂ© de 14 Ă 16 cents par kWh pour l’agrivoltaĂŻque et un coĂ»t d’Ă©lectricitĂ© nivelĂ© d’environ 9 ct/kWh, par exemple, des Ă©conomies de 5 Ă 7 cents par kWh peuvent ĂŞtre rĂ©alisĂ©es.
MalgrĂ© la diversification des solutions techniques, certaines cultures se prĂŞtent mieux Ă l’agrivoltaĂŻque que d’autres. D’après l’institut Fraunhofer, la viticulture, les vergers et les cultures maraĂ®chères offrent probablement le plus grand potentiel d’effets de synergie. Il semble nĂ©anmoins qu’il n’existe pas Ă ce jour de consensus gĂ©nĂ©ral sur un système normalisĂ© permettant de comparer expĂ©rimentalement la productivitĂ© des cultures dans des conditions de terrain.
Malgré de nettes avancées dans l’amélioration de la productivité des panneaux, l’argument majeur en faveur du développement de l’agri PV met surtout en avant les avantages indirects des modules. Des améliorations certaines ont été relevés sur la protection kinétique des plantations, car les panneaux servent de protection directe contre les influences environnementales (pluie, grêle, vent). En plus de réduire l’utilisation de films protecteurs des cultures, les panneaux photovoltaïques peuvent aussi réduire la saturation photosynthétique des plantes. Suivant leur format, les systèmes agrivoltaïques promettent enfin une réduction non négligeable des besoins d’irrigation des cultures en freinant l’évaporation de l’eau en terre, mais aussi en permettant la collecte des eaux de pluie.
Il est intéressant de noter que les bénéfices s’étendent dans le sens inverse : en effet, il a été démontré que le rendement des panneaux PV pouvait être amélioré par la présence de végétation au sol, car ces dernières limitent l’effet d’ilot de chaleur en refroidissant les panneaux PV par convection. Cette approche consistant à penser un agrivoltaïsme basé sur la préexistence de champs solaires, qui privilégie la production solaire tout en faisant pousser de la végétation basse est un modèle privilégié chez ENGIE Noram, qui met en avant la biodiversité en plantant des fleurs pour les pollinisateurs dans les parcs photovoltaïques.
Des défis de taille pour un déploiement à échelle
Malgré les atouts indéniables des technologies agrivoltaïques le déploiement massif de la filière tarde en raison de nombreuse difficultés qui restent encore à dépasser.
• Incertitude sur le modèle d’exploitation : la complexitĂ© d’un business model agrivoltaĂŻque dĂ©passe souvent celle d’un projet PV au sol. Plusieurs parties prenantes sont gĂ©nĂ©ralement impliquĂ©es dans la mise en Ĺ“uvre des projets : le fournisseur du terrain, le gestionnaire agricole, le dĂ©veloppeur du système PV (propriĂ©taire ou investisseur) et son exploitant. Les experts de l’institut Fraunhofer avancent qu’une concentration des fonctions de l’agri PV au sein d’une seule entitĂ© permettraient plus d’agilitĂ© et d’adaptation.
• La rĂ©munĂ©ration de la production Ă©lectrique : au-delĂ des perspectives d’auto-consommation, l’agrivoltaĂŻque pourrait fortement bĂ©nĂ©ficier d’un accès facilitĂ© des producteurs au rĂ©seau. L’institut Fraunhofer souligne : « la rĂ©munĂ©ration de l’EEG n’est actuellement possible que lorsque la centrale agrivoltaĂŻque est construite sur des bandes le long d’autoroutes ou de voies ferrĂ©es. Pour les centrales dont la puissance nominale est supĂ©rieure Ă 750 kWc, la participation Ă un appel d’offres est Ă©galement obligatoire et l’autoconsommation n’est pas autorisĂ©e. »
Vers un modèle économique agricole plus soutenable ?
L’agrivoltaïsme permet de conjuguer les revenus tirés de l’exploitation agricole et les revenus tirés de la production électrique. Tandis que les rendements agricoles sont fortement corrélés aux conditions climatiques, à contrario, les volumes de production d’électricité solaire sont généralement plus stables.
Comme le mentionne le Rapport Flash du Sénat : «Les revenus agricoles dépendent d’un grand nombre de variables allant du prix des matières premières agricoles aux aléas climatiques. De ce fait, l’agrivoltaïsme peut permettre aux agriculteurs de disposer d’un complément de revenu qui leur permet de sécuriser leur modèle économique. (…) L’agrivoltaïsme peut contribuer à aider les agriculteurs à diversifier leur production, à modifier les rotations culturales, ce qui peut leur permettre de réduire leurs besoins en produits phytosanitaires et de ce fait avoir un effet positif sur la biodiversité. Il peut aussi accompagner un processus d’amélioration de la qualité des sols. »
Dans ce sens, l’agrivoltaïque parait une évolution évidente des méthodes agricoles vers des modèles harmonieux et soutenables : «Les fermiers, depuis 12000 ans, travaillent comme des récolteurs de photons qu’ils transforment en produits agricoles qu’ils vendent. Dans cette perspective, il semble logique de vendre l’énergie produite par les panneaux en plus des produits agricoles si les panneaux ne gênent pas le rendement agricole et ne posent pas de problèmes ergonomiques. » conclut James Macdonald.
Info de solaire entreprise
Moselle : 700 millions d’euros investis dans une usine de panneaux solaires
Une usine de production de panneaux solaires va ĂŞtre installĂ©e en Moselle, a rĂ©vĂ©lĂ© le ministre de l’Industrie Roland Lescure.
Emmanuel Macron annoncera officiellement lundi l’implantation d’une usine de production de panneaux photovoltaĂŻques à Sarreguemines, en Moselle, lors du sommet “Choose France”, un investissement de “700 millions” d’euros reprĂ©sentant 1.700 emplois. C’est ce qu’a affirmĂ©Â dimanche sur Franceinfo le ministre de l’Industrie Roland Lescure. “Pendant des annĂ©es, on a subventionnĂ© des panneaux photovoltaĂŻques qui Ă©taient faits au bout du monde, lĂ on va avoir des panneaux photovoltaĂŻques Made in France”, s’est-il fĂ©licitĂ©, confirmant une information du Journal du dimanche.
Le projet est portĂ©, selon le JDD, par Holosolis, une Ă©manation du groupe InnoEnergy, qui compte parmi ses actionnaires Siemens, le CEA ou encore plusieurs universitĂ©s europĂ©ennes. L’usine de production de cellules photovoltaĂŻques doit entrer en service en 2025 et disposer d’une capacitĂ© de cinq gigawatts Ă terme, prĂ©cise l’hebdomadaire.
“CrĂ©er de l’emploi en France”
“C’est l’Ă©cologie du concret, on va fabriquer les produits qu’on va consommer en France (…) on va crĂ©er de l’emploi en France”, a saluĂ© Roland Lescure. L’annonce doit ĂŞtre officialisĂ©e lundi Ă l’occasion du sommet “Choose France” au cours duquel le prĂ©sident français rĂ©unit des chefs d’entreprises Ă©trangères au château de Versailles afin d’attirer les investissements Ă©trangers.
Le projet de production de cellules photovoltaĂŻques Ă Sarreguemines intervient quelques mois après l’abandon d’un projet similaire, au mĂŞme endroit, par la sociĂ©tĂ© norvĂ©gienne Rec Solar. Celui-ci prĂ©voyait un investissement de 681 millions d’euros et la crĂ©ation de 1.500 emplois.
La rédaction de solaire-entreprise.fr