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L’acteur de la semaine : Holosolis détaille l’avancement de l’implantation de sa gigafactory en Moselle

En exclusivité, Jan Jacob Boom-Wichers, président de Holosolis, a dévoilé les dates de la consultation publique préalable à la construction de l’usine de 5 GW de cellules et de modules photovoltaïques à Hambach. L’entretien a aussi été l’occasion d’évoquer le choix de la technologie TOPCon type-n et la conception des futurs outils de production pour s’adapter aux futures évolutions du marché.

Lors d’un entretien avec pv magazine France, Jan Jacob Boom-Wichers, président de Holosolis, a dévoilé les dates de la consultation citoyenne sous l’égide de la Commission nationale de débat publique (CNDP), préalable à l’implantation de sa gigafactory à Hambach, en Moselle dans l’est de la France. Les affiches sont placardées à partir de ce jour dans les 41 communes de la région de Sarreguemines Confluence. La conférence de lancement aura lieu le 25 septembre et les débats avec la population locale se dérouleront jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Jan Jacob Boom-Wichers, PDG de Holosolis.

Image : DR

Une fois cette phase achevée – et les remarques soulevées par les riverains prises en compte -, les demandes de permis de construire et le dossier ICPE seront déposés, avec l’objectif d’une mise en service en 2025. Au terme d’une montée en puissance progressive, l’usine atteindra en 2027 une capacité de production annuelle de 5 GW, soit 10 millions de panneaux photovoltaïques TOPCon type-n, principalement pour le marché résidentiel et commercial. Cela représentera environ 8 % des importations européennes de modules photovoltaïques chinois en 2022.

Un terrain “clé en main”

« L’avantage du site de Hambach est qu’il nous permet d’aller très vite car il avait été préparé pour accueillir un projet similaire », rappelle Jan Jacob Boom-Wichers. En 2020, REC Solar avait en effet annoncé sa décision d’installer une usine de 4 GW de production de modules photovoltaïques à hétérojonction, projet abandonné en 2022. « Disposer d’un terrain “clé en main” a été crucial dans notre sélection : cela évite d’avoir à faire les terrassements et à déraciner les arbres, décrit-il. Les études archéologiques et sur la faune et la flore avaient déjà été finalisées, ce qui a permis de gagner jusqu’à 18 mois ».

Par conséquent, Jan Jacob Boom-Wichers se dit confiant dans le déroulement de la consultation publique. « Un certain nombre de remarques qui avaient été formulées par la population à l’époque de REC Solar n’ont plus lieu d’être avec notre propre projet », assure le PDG. La première était l’actionnariat chinois de REC Solar, tandis que Holosolis possède un actionnariat 100 % européen, entre l’investisseur dans les cleantechs EIT InnoEnergy, l’acteur français de l’immobilier IDEC et le producteur d’énergie renouvelable TSE. « La deuxième est que les technologies à hétérojonction utilisent des terres rares, en particulier de l’indium, ce qui n’est pas le cas pour les TOPCon type n que nous avons choisies », complète-t-il. Enfin, le dernier point est que l’usine REC nécessitait beaucoup d’eau, puisée dans la nappe phréatique et la source locale de la ville. Dans le cas de Holosolis, le consortium s’engage à se sourcer dans la rivière de la Sarre et y rejeter l’eau après traitement.

Un équipement de production évolutif

Revenant sur la technologie TOPCon, Jan Jacob Boom-Wichers indique que ce choix a été fait pour des raisons de coûts. « Les équipements pour produire de l’hétérojonction sont beaucoup plus chers que pour les systèmes TOPCon. Au vu de la concurrence mondiale, il est primordial de baisser les coûts de production au maximum. De plus, la quantité de pâte d’argent nécessaire pour la production des cellules est 40 % inférieure avec les TOPCon, pour un même rendement énergétique », justifie-t-il.

Le laboratoire de R&D de l’institut Fraunhofer ISE travaille sur l’optimisation des processus de production des cellules solaires en silicium cristallin.

Image : Fraunhofer ISE / Dirk Mahler

Pour la conception de l’outil de fabrication, Holosolis a conclu cet été un partenariat avec l’institut allemand Fraunhofer ISE qui l’assistera dans la sélection de la technologie, dans le design et les différentes phases de construction de l’usine. « Les évolutions technologiques seront planifiées dès le début », assure Jan Jacob Boom-Wichers. Ainsi, l’une des premières sera le remplacement de la pâte d’argent par le cuivre, qui nécessite d’allonger de 30 à 50 mètres les lignes de production pour ajouter des machines d’impression. L’usine sera donc dimensionnée en conséquence. Une autre possibilité sera l’intégration des pérovskites. Dans ce but, un laboratoire de R&D dédié sera installé sur le site.

Un sourcing 100 % européen ?

L’objectif de l’usine sera de contribuer à l’objectif de capacité annuelle de 30 gigawatts de production d’ici à 2025 que s’est fixé l’Alliance Européenne de l’Industrie Solaire photovoltaïque (ESIA). Si les projets d’usines de fabrication de cellules et de modules se multiplient en Europe, tout le reste de la chaîne de valeur doit aussi se reconstruire et se structurer, notamment au niveau des capacités de production du silicium. « Pour les lingots et les wafers, nous appelons également de nos vœux que la filière du photovoltaïque se redéveloppe sur le continent, indique le président. Certaines opportunités existent en Allemagne et Scandinavie et nous sommes en discussion avec eux pour les soutenir dans nos achats ».

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